L’augmentation des prix est sans doute l’indicateur qui parle au plus grand nombre. Selon sa situation géographique et sa position dans la chaîne de valeur économique, l’inflation peut être un signal positif ou le pire des cauchemars. En résumé, pour paraphraser les Inconnus : l’inflation il y a la bonne et il y a la mauvaise. Comment on les reconnait ? Ben… on vous explique !

Qu’est-ce que l’inflation ?

C’est l’augmentation du prix des biens et des services. Un euro vous permet d’acheter moins de choses en période d’inflation.

On le constate souvent avec l’augmentation du prix de l’essence. Avant avec 50 euros je faisais un plein, aujourd’hui, il me manque quelques litres. Le carburant a donc augmenté.

Comment est calculé le taux d’inflation ?

C’est l’étude des prix d’un « panier » de produits et de services. Et évidemment, ce choix provoque un vaste débat. En effet, en France notamment, la population trouve que « tout augmente » et pourtant, l’Insee publie en 2019 un chiffre proche de 1% d’inflation qui illustrerait plutôt une stabilité des prix. L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) qui sert de base au calcul de l’inflation est composé de plusieurs familles de produits et de services. Ce qui donne une vision assez large de tout ce que l’on peut consommer : l’alimentation, l’habitat, l’énergie, l’équipement, les vêtements, le tabac… Donc si les loyers augmentent et que dans le même temps l’énergie (le prix de l’essence notamment) baisse alors l’IPC pourra être proche de zéro.

L’équation de Fisher : l’inflation grignote l’épargne du particulier

Ce « fisher price » n’est absolument pas amusant. Cet économiste a mis en lumière la différence entre le taux annoncé d’une épargne et l’augmentation réelle du patrimoine. En cause, l’inflation bien sûr. En effet, le taux du livret A en 2019 est de 0,75%. Votre épargne vous « rapporte » donc 0,75% d’intérêts. Mais Fisher nous rappelle qu’il faut retirer de ce taux celui de l’inflation. En effet, si vous gagnez 0,75% mais que le coût de la vie augmente comme c’est le cas maintenant de 1%, alors votre patrimoine vous rapporte combien en réalité ? Les comptes ne sont pas bons Fisher ?

Aujourd’hui, le rendement de votre épargne sur votre Livret A c’est : 0,75 – 1 = -0,25 ! Donc vous perdez 0,25% de votre patrimoine !

Pourquoi l’inflation n’est pas bonne pour l’économie ?

Tout dépend de son niveau. Dans certains pays en crise comme au Venezuela mais aussi en Turquie, quand la Livre Turque attaquée par les Etats-Unis s’est effondrée, ou bien encore en Argentine en pleine crise financière, c’est insupportable. L’illustration, ce sont ces consommateurs qui se déplacent avec des « brouettes » de monnaie locale pour acheter à manger. C’est de l’hyper inflation avec, au mois de Juillet par exemple, une augmentation des prix en Bolivars de 82700% ! Imaginez qu’entre le moment où vous sortez de chez vous et celui où vous arrivez à la boulangerie les prix ont été multipliés plusieurs fois.

L’absence d’inflation n’est pas bonne non plus

L’inflation raisonnable est aussi le signe de la bonne santé d’une économie. La croissance est là, les entreprises vont bien, elles embauchent, les salaires augmentent et donc les prix augmentent. C’est l’équation basique de nos économies modernes. Aujourd’hui on peut s’interroger sur la situation des pays développés qui sont quasiment au plein emploi, à part la France. Normalement, on devrait avoir un peu d’inflation partout et ce n’est pas le cas. Les taux d’intérêts n’ont jamais été aussi faibles, l’argent n’a jamais été aussi disponible, la FED et la BCE ont déversé des milliards dans les coffres des banques (autrefois on disait : faire tourner la planche à billets). L’inflation reste contenue, proche de zéro. C’est pour le moins étonnant.

Pourquoi tout augmente alors que l’inflation est quasiment nulle ?

L’Insee qui est en charge depuis des décennies de la collecte des prix et de la production de l’Indice des Prix à la Consommation défend toujours sa méthodologie et oppose la relativité du « ressenti » du citoyen. Sans vouloir trancher dans un tel débat, on peut aussi imaginer que le « panier » évolue moins vite que les habitudes de consommation. Par exemple, des urbains qui ne prennent plus leur voiture pour se déplacer constatent uniquement l’augmentation régulière du prix des transports en commun plutôt que la baisse du prix de l’essence. On pourrait multiplier les situations.

Le prix de l’or est-il influencé par l’inflation ?

L’or est considéré comme une valeur refuge ; que se passe-t-il en cas d’hyper inflation comme au Venezuela ou en Turquie ? Et dans le cas contraire, dans une situation de déflation l’or perd-il de la valeur ?

Tout d’abord on remarquera que pour assurer leur indépendance monétaire, les pays préfèrent en général renforcer leurs réserves en or plutôt que de s’en débarrasser. Cela a été le cas en Turquie en 2018 mais on note aussi un renforcement des stocks par les Chinois, les Russes et même les Polonais en 2019. Ces pays envoient un signal fort : ils réduisent ainsi leur dépendance au Dollar.

L’or conserve une même capacité d’achat au fil des ans

C’est sans doute la meilleure réponse à la question précédente. Au début du 20ème siècle, on pouvait acheter un vélocipède avec une pièce d’or Napoléon. Aujourd’hui, avec 260 euros, le prix d’un Napoléon, on peut s’acheter un vélo. Le PIB a augmenté, on a connu deux guerres, des changements de monnaie (ancien francs, francs), des dévaluations, le passage à l’euro, des crises économiques, boursières, une croissance forte ou faible. A l’arrivée, près d’un siècle plus tard, avec la même pièce (ou son équivalent en valeur) on achète la même chose.

On pourrait faire la même démonstration avec une once d’or ou son équivalent en euros. Pour avoir une vache avant la révolution industrielle, il fallait l’équivalent d’une once d’or. Et c’est toujours le cas à quelques dizaines d’euros près en 2019.

Et dernier exemple, celui de la Ford T, innovation majeure pour se déplacer en son temps. Eh bien, on s’aperçoit que la somme en pièces d’argent et d’or nécessaire pour acquérir une telle machine en 1910 correspond quasiment au prix d’une Tesla aujourd’hui.