En tant qu’épargnant avisé, vous savez déjà qu’il est essentiel de diversifier ses placements, non seulement pour minimiser le risque de moins-value toujours possible sur certains produits, mais aussi et surtout pour préserver au maximum la valeur de votre patrimoine, ou plus exactement son pouvoir d’achat. À ce titre, l’or et l’argent représentent des instruments de choix puisque leur vocation première est précisément de constituer des réserves de valeur presque totalement décorrélées des autres marchés. 

Mais quelle proportion de capital faut-il consacrer à l’achat d’or et d’argent ? Y a-t-il un ratio d’épargne minimum, ou au contraire maximum, à respecter ? En clair, combien doit-on avoir d’or et d’argent dans son portefeuille ?

Une épargne de précaution à long terme

On l’a dit, l’or et l’argent sont des actifs refuges qui offrent une certaine sécurité par rapport aux autres produits de placement : ils sont universels, ne dépendent d’aucun État ni organisation spécifique et leur valeur n’est pas liée à leur prix dans une quelconque devise pouvant être dévaluée à tout moment. En gros, ils jouent le rôle d’assurance contre les crises politiques et économiques, mais aussi contre l’inflation susceptible d’affecter notre patrimoine. 

Et comme toutes les assurances, il convient alors de raisonner à long terme. Pour être pleinement efficace, une épargne en or et en argent ne doit pas être appréhendée comme une épargne classique liquide, même si la liquidité des métaux précieux est particulièrement élevée en offrant une convertibilité quasi instantanée dans l’importe quelle devise. Car c’est sur la durée que la conservation de valeur est réellement perceptible. Ce qui signifie qu’il vaut mieux réserver à l’achat d’or et d’argent une somme dont on n’aura pas besoin à court ou moyen terme.

Un placement de bon sens avant tout

En 1998, Gerald Perritt, un professionnel de l’analyse financière de Wall Street reprenait à son compte un adage de la Bourse de New York et conseillait de consacrer 5% de son capital à l’achat d’or… en priant pour que son prix ne monte jamais ! Aujourd’hui, la théorie aurait tendance à privilégier la proportion de 10%, mais le raisonnement reste le même : quand on sait ce qui peut faire grimper le cours de l’or (inflation, crise économique, troubles sociaux, guerre… ou encore pandémie mondiale !), alors un prix de l’or relativement stable, voire en léger repli par rapport aux devises internationales, c’est plutôt une bonne nouvelle. À commencer pour le reste de notre patrimoine (en théorie 90%) qui n’est pas investi en métaux précieux, car les supports traditionnels peuvent durement pâtir des mêmes évènements qui ont tendance à faire grimper le cours de l’or. Voir 10% de son capital s’apprécier tandis que les 90% restants s’écroulent, ce n’est jamais un très bon calcul.

Du reste, 10% constituent une proportion tout à fait raisonnable qui ne pénalisera ni votre capacité à modifier votre stratégie d’épargne dans le temps (si vous optez, par exemple, pour un profil plus patrimonial d’investisseur locatif, après des années à avoir majoritairement spéculé en bourse) ni votre sécurité financière en cas de baisse du marché des métaux précieux. Un usage de bon sens, donc, mais qui occulte un certain nombre de réalités pouvant nuancer la pertinence de ces fameux 10%.

Bien distinguer l’or et l’argent

Tout d’abord, quand on parle de placement en or, on devrait en réalité étendre cette notion à l’argent également, car seul le bimétallisme permet de bénéficier à la fois d’une forte résilience en cas de crise et d’un certain dynamisme le reste du temps. Mais pour cela, il faut comprendre que l’or et l’argent sont très différents et nécessitent des approches bien distinctes.

En effet, si l’or en tant qu’actif de placement va venir compenser les mouvements des autres marchés (en clair, il va fortement monter quand l’économie est en difficulté, et vice-versa), l’argent va adopter un comportement plus complexe pouvant se traduire par des fluctuations plus marquées, pour ne pas dire plus violentes, car influencées par beaucoup plus de paramètres que l’or. 

Ainsi, les propriétés physiques de l’argent lui prêtent bien plus d’applications industrielles que l’or : plus de 50% de la demande en argent provient de l’industrie, contre seulement 12% pour l’or. Par conséquent, moins contracyclique que l’or, l’argent métal bénéficie assez nettement des bienfaits de la croissance économique, notamment dans les domaines de pointe que sont l’électronique, la médecine, les énergies renouvelables ou encore les télécommunications. L’argent métal va alors se comporter comme un actif traditionnel en suivant en partie les évolutions positives des marchés, en plus d’agir comme une valeur refuge en cas de crise. 

Ce dynamisme vient donc idéalement compléter le côté parfois un peu conservateur de l’or. Mais c’est justement ce même dynamisme qui doit inciter l’épargnant à un minimum de prudence dans son allocation d’actifs métalliques. Classiquement, il est conseillé d’avoir 75% d’or pour 25% d’argent afin de pondérer la plus grande variabilité de ce dernier.

Lire notre article sur les facteurs influençant le cours de l’or

Épargner suivant son profil et ses objectifs

Enfin, la règle des 10% de métaux précieux dans son patrimoine doit être relativisée en fonction de son profil d’épargnant et de ses objectifs à moyen/long terme.

Par exemple, selon que l’on dispose de 5000 euros ou de 5 millions, un ratio de 10% ne représentera bien évidemment pas du tout la même somme : 500 euros seront sans doute insuffisants pour que la nature d’actif refuge des métaux précieux puisse s’exprimer réellement (une simple once d’or vaut 3 fois plus cher), tandis que 500 000 euros peuvent déjà constituer une bonne couverture patrimoniale contre les éventuelles crises à venir. 

À l’inverse, 1000 ou 2000 euros d’or et d’argent pour un épargnant modeste sont certainement disproportionnés par rapport au reste de son capital pour lequel il devra plutôt privilégier une épargne immédiatement disponible et liquide, sur un livret par exemple (on parle d’un à trois mois de revenus minimum pour faire face à d’éventuelles dépenses imprévues, voire à une perte ponctuelle de rémunération pour les statuts les plus précaires). Seule exception, les détenteurs d’un compte VeraCash® qui peuvent bénéficier des avantages d’une épargne en or liquide par l’intermédiaire de leur carte de paiement, et peuvent donc y consacrer une somme plus importante sans nuire à leur équilibre budgétaire.

En outre, on n’envisage pas de la même façon l’achat de métaux précieux, qui s’apparente à un placement de longue durée, selon que l’on est au début de sa vie professionnelle avec probablement l’envie d’acquérir sa résidence principale et de fonder un foyer (ce qui amplifie notre aversion naturelle au risque), ou que l’on arrive au contraire à un moment de sa vie où on a fini de payer sa maison, que les enfants sont déjà grands et que l’épargne accumulée au fil du temps nous permet de moins craindre d’éventuelles fins de mois difficiles. De même, si l’on a le projet de créer une entreprise ou d’investir dans l’immobilier par exemple, l’achat d’or et d’argent devra rester mesuré afin de ne pas amputer sa capacité à mobiliser des fonds propres pour ces projets.

Quelques exemples concrets de budget pour l’achat d’or et d’argent

En conclusion, si vous êtes un jeune actif avec peu d’épargne et beaucoup de projets à moyen terme, alors 5 à 10% semblent un bon ratio de votre patrimoine à consacrer à l’achat de métaux précieux, mais seulement à titre de précaution de (très !) long terme. Et à condition, si possible, d’alimenter régulièrement votre capital or/argent, en achetant par exemple pour quelques dizaines d’euros de métaux chaque mois. 

Si vous êtes déjà plus installé dans la vie et que vous disposez d’une épargne confortable, alors 10 à 15% de votre patrimoine en or et en argent vont non seulement constituer une réserve de valeur significative qui fera rempart à l’inflation, mais qui vous dotera aussi d’une véritable épargne tampon pouvant absorber de potentielles turbulences économiques. Le tout sans trop impacter votre capacité d’investissement ni votre capital directement disponible. Là encore, selon l’état des marchés, rien n’empêche de compléter vos positions en métaux précieux par l’achat régulier d’or et d’argent en vue de consolider votre résistance aux crises à venir.

Enfin, au-delà de 20% d’épargne en métaux précieux, même si le patrimoine investi ailleurs demeure important, on s’approche dangereusement d’une zone de trop forte concentration de ses actifs. Alors que, comme on l’a rappelé au début de cet article, la diversification reste la clé d’une épargne optimisée. Dès lors, revendre une partie de son or ou de son argent dégagera de nouvelles liquidités permettant ensuite d’élargir ses horizons de placement et ainsi de mieux répartir le risque.

Lire notre article sur la diversification de votre épargne en or